Jeux de société : la bonne pioche !

Le Vendredi 24 janvier 2025

Non, les écrans n’ont pas totalement remporté la partie. Les jeux de société reviennent en force avec un choix de plus en plus large et captivant. Au point de devenir un objet culturel aux multiples bénéfices.

Monopoly, Cluedo, Jungle speed et autres Loups-garous de Thiercelieux, Dixit ou 6 qui prend… Depuis quelques années, les jeux de société s’installent sur toutes les tables. Il a bien fallu occuper les journées confinées ! Certes… mais l’engouement se poursuit.

En France, 87 000 boites de jeux de société se vendent chaque jour (une progression de 7 % par rapport à 2019)*. On joue partout : dans les parcs, les associations, les boutiques spécialisées, les festivals ou bien encore les bars (depuis plusieurs années, la formule « manger-boire-jouer » fait fureur dans les villes de l’Hexagone). 

Premier marché européen

Avec 1 000 nouveautés par an, la France (avec l’Allemagne) est même devenue le premier marché européen du jeu de société. Les raisons de ce succès ? Le public se rend tout simplement compte de la qualité des contenus proposés par les éditeurs français qui rivalisent de créativité - on parle d’une French touch. Toutes les règles et surtout la durée des parties (plus courtes) sont pensées pour toucher le plus grand nombre, avec une gamme de jeux pour toutes les bourses (entre 10 € et 50 €).

Surtout, les éditeurs misent sur la découverte d’un univers, d’une histoire tout en apportant beaucoup de soins à la présentation du jeu. À la manière des développeurs poids lourds du jeu vidéo, ils font appel à des graphistes pour mettre en scène un univers de jeu unique, autour duquel les joueurs ont envie de partager des émotions. Le jeu n’est plus une activité futile et superflue. Il devient un objet culturel au même titre que la BD ou la littérature.

Jouer sans s’opposer…

À ces évolutions artistiques s’ajoutent de nouvelles approches ludiques pour resserrer les liens entre les générations. La tendance est aux jeux où la coopération permet la victoire. Les joueurs ne sont plus adversaires, mais partenaires, comme dans le jeu The Crew (à base de cartes où chacun doit aider l’autre à remporter son pli). Des défis d’entraide parfaitement adaptés aux petits, qui peuvent coopérer avec les plus grands.

Autre tendance : les serious games** où l’on apprend autant que l’on s’amuse en se saisissant notamment des enjeux sociétaux ou environnementaux, comme dans Famille (presque) zéro déchet. D’autres jeux valorisent l’histoire et le patrimoine culturel, à l’image d’Azul, un jeu inspiré par les motifs des faïences mauresques, qui métamorphose les participants en artisans carreleur. De quoi piquer la curiosité du joueur qui sommeille en nous.
 

 

 

TÉMOIGNAGE

« Des échanges où la convivialité jaillit du jeu »

vue d'une séance de jeu à l'association  Le grenier aux trolls

Tom Koundakian, bénévole à l’association de jeux de société Le grenier aux trolls, Mauriac (Cantal)

Notre objectif est de montrer que le jeu de société, même dans les coins les plus reculés, peut créer du lien et de la vie. Nos rencontres réunissent une vingtaine de participants dans les salles des fêtes de Mauriac et de Besse. Autour des tables, des gens qui ne se connaissent pas forcément. Le jeu offre un cadre commun qui place tout le monde sur un pied d’égalité. Qu’importe l’âge ou la classe sociale. 

Quand il y a une nouveauté, la première réaction c’est : « Oh, ça va être compliqué », puis on se rend compte qu’au bout d’un tour, les personnes sont très impliquées et élaborent des stratégies. On arrive à faire jouer des personnes de plus de 70 ans à des jeux qui sortent totalement de l’ordinaire. Qu’on gagne ou qu’on perde, on apprend !

© Photo d'illustration : séance de jeu à l'association Le grenier aux trolls

 

* Source : Festival international des Jeux, Cannes, 2024.
** « jeux sérieux » en français