Des budgets sous tension

Le Vendredi 5 décembre 2025

On entend souvent que les séniors sont à l’abri du besoin. Pourtant, la réalité est plus nuancée : trois retraités sur quatre se disent préoccupés pour leur avenir financier. 

Les ménages retraités disposent aujourd’hui de revenus plus confortables : 2 524 euros par mois en moyenne, contre 2 367 euros en 20211 − une hausse liée notamment à l’indexation des pensions sur l’inflation. Résultat : une fois les dépenses courantes couvertes (1 842 euros en moyenne), six retraités sur dix parviennent encore à épargner, à hauteur de 231 euros par mois.

Mais cela ne suffit pas à apaiser les inquiétudes. Trois retraités sur quatre se disent préoccupés pour leur avenir financier, et deux sur trois estiment que leur pouvoir d’achat a diminué depuis la fin de leur vie active. En cause : l’inflation, la hausse des cotisations de mutuelle et le coût des soins − plus de 30 % ont déjà dû renoncer à des soins, souvent dentaires ou optiques, pour des raisons financières.

531 euros manquants

En moyenne, les retraités estiment qu’il leur faudrait 531 euros de plus chaque mois pour vivre « convenablement ». Car si leurs revenus ont progressé, leurs besoins aussi, avec l’envie de conserver une vie sociale active (loisirs, sorties, voyages…).

Enfin, le soutien à la famille pèse aussi sur les budgets. Selon une étude OpinionWay pour La Carac, deux séniors sur trois aident régulièrement leurs enfants ou leurs petits-enfants : études, achat immobilier, dépenses courantes… quitte à faire des sacrifices. 42 % des retraités prévoient de réduire leur budget alimentaire, et 36 % leurs loisirs. Une gestion au cordeau pour préserver l’essentiel.

PAROLES DE SÉNIORS

J’ai toujours mis un peu de côté quand j’étais secrétaire comptable. Aujourd’hui, c’est le moment de réaliser mes projets, de voyager, de profiter de mes petits-enfants… quitte à grignoter un peu sur mes économies. Ça sert aussi à ça ! 

Maryse, 69 ans

J’ai grandi dans un HLM où ma mère comptait chaque sou. J’ai une petite retraite d’instit, mais je me sens riche en comparaison ! Je consomme local et soutiens deux associations. Je veux que ma retraite ait du sens.

Denis, 78 ans

LE SAVIEZ-VOUS ?

Selon la Drees2, la pension moyenne des femmes reste inférieure de 38 % à celle des hommes. Avec les pensions de réversion, l’écart se réduit à 26 %. Ce dispositif, qui profite à 88 % de femmes, atténue partiellement les inégalités.

Bien vieillir chez soi : un défi financier

Pour de nombreux séniors, épargner, c’est avant tout anticiper une possible perte d’autonomie. La crainte de devenir « un fardeau » pour leurs proches reste une préoccupation majeure, même si près d’un sur deux n’a pas économisé spécifiquement pour ses vieux jours.

Or, bien vieillir chez soi a un coût non négligeable : plus de 15 000 euros par an en moyenne, même après déduction des aides publiques3. Ce budget grimpe avec l’âge et l’évolution des besoins, allant des frais de transport et de santé aux services d’aide à domicile quotidiens, en passant par l’équipement médical et, plus tard, les soins d’accompagnement liés à la dépendance.

Dans bien des cas, ce sont les enfants qui prennent le relais financier ou les aînés qui, parfois dans l’urgence, vendent leur logement pour financer leur placement en Ehpad. Ce constat souligne la nécessité d’une réflexion individuelle et collective pour mieux préparer cet avenir.

En chiffes

En 2024, le coût mensuel pour bien vieillir à domicile était de :

704 € pour les 65-75 ans

912 € pour les 75-85 ans

2165 € pour les + de 85 ans

Patrimoine : un levier pour fiancer sa retraite

Si 78 % des retraités sont propriétaires de leur logement selon l’Insee, beaucoup s’interrogent sur la meilleure façon de l’utiliser. Plusieurs solutions émergent pour monétiser ce patrimoine sans avoir à le quitter. Le prêt viager hypothécaire, par exemple, offre des liquidités tout en restant chez soi. Les héritiers ont même la possibilité de racheter ensuite la dette à la banque pour conserver le bien. D’autres optent pour la vente en viager, avec une rente versée à vie, ou la vente en nue-propriété, en échange d’un capital immédiat tout en conservant l’usufruit (la possibilité de rester chez soi ou d’en percevoir les loyers).

De plus en plus prisés, ces dispositifs reflètent une évolution des mentalités : le « vivre maintenant » semble prendre le pas sur le « léguer à tout prix ». Ils nécessitent une réflexion approfondie, en lien avec sa situation personnelle, ses besoins financiers et ses proches.

 

Sources : 

1 3e baromètre CSA pour la Silver Alliance, 2025.

2 Les retraités et les retraites, Panoramas de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 2024.

3 5e édition du baromètre Silver Alliance et Retraite.com, 2024.