Les romans graphiques envahissent les rayons des librairies de l’Hexagone. Plus étoffés qu’une simple bande dessinée, ils abordent tous les thèmes et font aujourd’hui partie des livres qui se vendent le mieux. Parmi les plus grands succès français du genre, figurent les différentes œuvres de Riad Sattouf, notamment la série L’Arabe du futur, les Culottées de Pénélope Bagieu ou encore la saga Persépolis de Marjane Satrapi.
Un genre créé aux États-Unis
Pourtant, le roman graphique n’est pas né en France mais au États-Unis. Dans la seconde moitié du 20e siècle, certains auteurs décident de s’affranchir des codes de la bande dessinée pour en proposer un pendant plus noble, qui se rapproche davantage de la littérature et s’adresse essentiellement à un public ayant atteint l’âge adulte. Alors qu’en 1978 le roman graphique Un pacte avec Dieu de Will Eisner est le premier à être désigné comme tel, ce sont les deux tomes de Maus signés par Art Spiegelman à la fin des années 80 qui font du roman graphique une nouvelle catégorie littéraire à part entière et valent à son auteur un prix Pulitzer. « Un roman graphique est une bande dessinée qui nécessite un marque-page », résume alors l’artiste.
Le roman graphique ne connaît pas la crise
Parce qu’il est en effet souvent plus long qu’une bande-dessinée traditionnelle et se décline dans des formats très variés, le roman graphique s’est aujourd’hui popularisé, en particulier chez les jeunes adultes. Cette catégorie littéraire ne connaît pour l’instant pas la crise, et de nouveaux romans graphiques sortent chaque mois. Certains, comme Le Jeune Acteur de Riad Sattouf, paru en novembre 2021 et qui raconte le début de carrière du comédien Vincent Lacoste, parviennent d’ailleurs à se hisser parmi les meilleures ventes en librairie en l’espace de seulement quelques jours. Les gros succès qui se déclinent en plusieurs tomes sont également très attendus par les lecteurs.
Entre esthétisme illustré et prouesse littéraire
L’une des caractéristiques du roman graphique est de mêler une recherche esthétique pointue dans le dessin comme dans la narration. Les auteurs s’autorisent d’ailleurs une certaine liberté de création en matière de dessin, afin de servir leur histoire : les cases et les bulles propres à la bande-dessinée ne sont pas toujours présentes. À l’inverse, en matière d’écriture, certains auteurs font parfois des économies de mots en préférant raconter par le dessin, y compris lorsqu’ils adaptent des grands classiques : Stefan Zweig, John Steinbeck ou encore Georges Orwell ont aujourd’hui tous été déclinés en roman graphique.