Handisport : dépasser les limites et les clichés

Le Vendredi 28 juin 2024

Faire évoluer les mentalités sur le handicap dans le monde du sport et dans la société en général, c’est l’objectif du mouvement handisport qui permet à ses pratiquants de se (re)construire. À l’occasion des Jeux Paralympiques de Paris 2024, retour sur son évolution et ses avancées.

Depuis le 28 août, près de 4 500 athlètes sont réunis à Paris pour les premiers Jeux Paralympiques de l’histoire française. Un évènement mondial qui devrait être suivi par plus de 4 milliards de téléspectateurs. Du rugby fauteuil à la para-natation, en passant par le para-canöe, le cécifoot (foot à 5 pour déficients visuels) ou la boccia (sport de balle similaire à la pétanque), 23 disciplines seront représentées.

Des athlètes avant tout

Certaines disciplines sont connues du grand public grâce aux exploits réalisés par des athlètes emblématiques. C’est le cas du para-athlétisme avec Marie-Amélie Le Fur (amputée d’une jambe), détentrice de neuf médailles paralympiques sur piste. Ou encore du para-cyclisme où s’illustre Alexandre Léauté (victime d’un AVC à la naissance), roi des derniers Mondiaux en Écosse avec cinq maillots arc-en-ciel amassés sur la piste et la route.

Mais au-delà des performances, les athlètes tricolores souhaitent marquer les esprits pour donner envie aux personnes en situation de handicap de se tourner vers le sport. Un enjeu majeur car sa pratique peut développer des capacités, voire compenser le handicap. Par exemple : renforcer les muscles du dos et des épaules pour les personnes en fauteuil roulant. Sur le plan psychologique, les bienfaits peuvent être encore plus spectaculaires. Confiance en soi, envie de progresser, plaisir, socialisation…

Autre attente : la plupart des athlètes veulent être reconnus comme des compétiteurs, et non pas des personnes en situation de handicap. Ce qui revient pour le public à considérer la performance avant la différence. Pas toujours facile face aux a priori, mais les mentalités changent.


Une évolution qui s’accélère

Revenons sept décennies en arrière. Été 1948, près de Londres, un médecin organise les premiers « Jeux mondiaux des chaises roulantes et des amputés » pour ses patients paraplégiques, vétérans de guerre. D’édition en édition les jeux prennent de l’ampleur : on considère ainsi que les premiers Jeux Paralympiques ont eu lieu en 1960 à Rome. 400 athlètes y participent, exclusivement en fauteuil roulant. Au tournant des années 1990, les choses s’accélèrent avec la création du Comité international paralympique. Le mouvement handisport n’a plus alors comme seule vocation la réadaptation des personnes, mais la compétition, le dépassement de soi et la réussite sportive… comme pour tout athlète !

Aujourd’hui, la médiatisation de plus en plus forte tend à démocratiser et à professionnaliser le milieu. Quelle que soit la discipline, les athlètes consacrent énormément de temps à leur entrainement. Certains en arrivent à banaliser la différence - ce qui est positif - au point de rivaliser avec les valides. En 2010, Arnaud Assoumani est ainsi devenu le premier athlète handisport français à remporter une médaille nationale en saut en longueur en compétition classique, avec une marque à 7,82 m.

Des fédérations mobilisées

Ce rapprochement entre valides et non valides s’opère lentement, et en dehors des stades olympiques. Un travail d’ouverture des fédérations sportives (tennis, aviron, tennis de table…) est en cours, afin que les personnes en situation de handicap puissent bénéficier d’entraînements adaptés avec les valides. Paris 2024 promet également « d'ouvrir grand les jeux ». Et d’inciter tous les publics à se mettre au sport. Dans ce but, une « Stratégie nationale sport et handicaps 2020-2024 » a été mise en place pour lever les nombreux obstacles (manque de matériel adapté, de personnel formé, peur du regard des autres…). 

À noter également le travail de fond réalisé sur le terrain par la Fédération française handisport (FFH) qui regroupe 35 000 licenciés et compte plus de 60 000 pratiquants. Au total, ce sont 1 600 associations sportives qui lui sont affiliées. Une trentaine de sports adaptés aux différents handicaps sont proposés. 

Pour trouver en savoir plus et pourquoi pas trouver l’activité qui réponde à vos envies, rendez-vous sur le site de la FFH ou consultez le Handiguide des sports mis en place par le ministère chargé des Sports qui recense tous les para-sports près de chez soi.

 

Le sport comme tremplin

Vincent Boury, 54 ans, pongiste français, multiple médaillé paralympique

Je pense qu’on a tous la capacité de trouver en nous les ressources pour rebondir, quel que soit le pépin. Dans mon cas, cela a été un accident à 18 ans. Durant la rééducation, j’ai repris le tennis de table. C’est devenu une véritable passion, un moteur, au point de décrocher cinq médailles paralympiques dont l’or en individuel. 

Le sport m’a permis de me (re)construire. À travers lui, c’est la possibilité de se fixer des objectifs de plus en plus élevés, et donc de progresser physiquement et humainement. Dans mon club, il y a une réelle volonté d’ouverture pour accueillir tous les publics. Valide, non valide, jeune et moins jeune… tout le monde s’entraine ensemble, naturellement.

Aujourd’hui, la médiatisation des Jeux paralympiques prouve que le public est plus à l’aise avec le sujet du handicap. Les gens associent moins le handicap aux performances. Même s’il reste encore beaucoup à faire. J’interviens beaucoup dans les écoles pour aborder ce sujet. Ça me plait ! Montrer aux jeunes que, même en difficulté, on peut faire du sport de haut niveau les encourage eux aussi à bouger.

Photographies d'illustrations : Vincent Boury, crédits : Fédération française handisport 

La Caisse des Dépôts, partenaire des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024

La Caisse des Dépôts et sa direction des politiques sociales, service gestionnaire de l'Ircantec, accompagnent les parcours de vie des Français et mettent en œuvre des politiques publiques dans plusieurs domaines : la retraite, la formation professionnelle, le handicap, le grand âge et la santé. 

Un large champ d’intervention qui bénéficie aussi aux athlètes : ils auront un jour besoin d’un accompagnement pour effecteur une reconversion professionnelle, d’une aide en cas de situation de handicap ou encore percevoir leur retraite à la fin de leur carrière.

Pour tous ces aspects, la Caisse des Dépôts sera là pour eux.

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