Ces nouvelles pratiques qui chamboulent les mobilités

Le Lundi 23 octobre 2023

Véhicules électriques, covoiturage, vélos… face au dérèglement climatique, les Français sont de plus en plus convaincus par la nécessité de repenser leurs façons de se déplacer. Peut-on sortir du système avion-voiture ? Quelles sont les solutions à déployer à grande échelle ? Décryptage.

Illustration d'un cycliste en ville

Depuis une quinzaine d’années, la mobilité en ville a changé : le vélo s’y est installé, les zones piétonnes se sont multipliées et l’accès à certaines villes a même été restreint par des péages pour les automobilistes. C’est le cas de Milan, de Londres ou encore de Stockholm. De nombreuses communes ont également choisi d’instaurer la gratuité des transports en commun – Dunkerque, Niort, Aubagne… Toutes ces mesures pour un seul but : réduire la circulation au sein des villes. Un enjeu climatique majeur, car le transport représente la première source de gaz à effet de serre en France (30 % des émissions), devant l’industrie (26 %) et l’agriculture (19 %)1.

Un enjeu climatique majeur

Les grandes agglomérations sont particulièrement ciblées, puisqu’elles apparaissent responsables de 60 % des émissions2. Parmi les solutions fréquemment envisagées, figurent l’incitation à la transition vers un véhicule électrique ou la limitation du nombre de véhicules par foyer. Le plus souvent, les villes associent également une réduction des places de parking tout en investissant dans des infrastructures de transport public ou des aménagements pour le vélo, par exemple. En 2022, 43 % des véhicules vendus en France ont été des vélos3. Sa version électrique qui raccourcit les distances, tout en facilitant la pratique des anciens automobilistes, continue de gagner du terrain au détriment de la trottinette et de la voiture. De plus en plus présent aussi, le vélo cargo équipé d’une grande caisse pour transporter des passagers ou des affaires, ravit les familles.

Partager la route

Les collectivités ont également un rôle à jouer pour accompagner la pratique du covoiturage. Des dizaines d’applications ont en effet fleuri ces dernières années rapprochant les usagers. Si BlaBlacar a démocratisé le covoiturage sur la longue distance, OuiHop permet par exemple de consulter les trajets des automobilistes autour de soi, et de monter à bord d'une voiture sur son chemin, sans dévier sa trajectoire, à la manière d’une ligne de bus. Signe de cet engouement : les aires de covoiturage qui se multiplient à l’abord des villes. La Région Île-de-France envisage également l’ouverture des bandes d’arrêt d’urgence des autoroutes aux covoiturés, avec un système de caméras qui permettra de détecter le nombre de personnes dans un véhicule.

Et pourquoi pas abandonner la voiture ? Là où les territoires sont correctement desservis en transports collectifs et aménagements cyclables, sauter le pas peut même faire gagner du temps (et de l’argent !). À Paris, les habitants ne sont que 34 % à posséder une auto, alors que ce taux culmine à 95 % dans les zones rurales4. Une perspective prometteuse favorisée par l’essor du télétravail, qui contribue à réduire significativement les trajets entre domicile et lieu de travail (30 % du trafic).

Repenser ses voyages

Quid des trajets longs, notamment lors des vacances ? Freiné par la pandémie, le transport aéronautique est quasiment revenu à son niveau d’avant. Pis : d’ici à 2050, avec un trafic multiplié par deux, sa part dans les émissions de CO2 pourrait passer à 22 % contre 3 % aujourd’hui5. Mode de transport le plus émetteur de CO2, son utilisation devra donc être réduite. Une alternative consisterait à réenchanter les longs voyages en bateau ou en train. À condition, tout d’abord, d’accompagner le développement du réseau ferroviaire, à toutes les échelles. Depuis les lignes rurales, jusqu’aux voyages internationaux, en passant par les lignes de train de nuit qui ont quasiment disparu. En France, seules quatre lignes sont encore en service – l’ambition étant d’en ouvrir une dizaine d’ici à 2030. Des pistes à explorer de toute urgence pour continuer de profiter de la beauté du monde.

 

 

1 Secten, Le rapport de référence sur les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques en France, 2022
2 ONU-Habitat, 2020
3 Observatoire du Cycle 2022, Union sport & cycles, 2023
4 Étude Parc auto, Cabinet d’études Kantar, 2019
5 Emission Reduction Targets for International Aviation and Shipping, EPRS : European Parliamentary Research Service, Martin Cames, 2015

Un sentiment de liberté et d’utilité

Catherine, 61 ans, habitante à Golfe-Juan (06)

Je fais du vélo depuis toute petite. Mais avec le travail, j’ai l’ai un peu délaissé. Suite à un licenciement, j’ai retapé un vélo électrique et j’ai commencé à faire de belles balades dans la région. Je n’hésite pas à prendre le train. Je vais par exemple à Saint-Raphaël, et je reviens à vélo, soit 40 km !

Depuis, j’ai vendu ma voiture et mon scooter. Je n’utilise plus qu’une petite camionnette à de rares occasions. Pour les courses, je prends deux sacoches et un sac à dos. Je fais aussi de belles rencontres. Je me rends régulièrement à l’atelier de réparation de l’association Choisir le Vélo, à Mouans-Sartoux. On nous apprend à remettre les vélos en état et à les entretenir. Ce qui est génial puisque, quand je pars en vacances sur l’Île d’Oléron, s’il m’arrive quelque chose avec mon vélo, je peux le réparer.

Je me sens aussi plus en forme, moins énervée. Pas de souci pour stationner, ni pour aller chercher de l’essence. Fini les bouchons… La seule préoccupation, c’est de rester vigilant aux autres usagers de la route. La généralisation de zones 30 avec contre-sens cyclable est très bénéfique, car elle permet d’éviter des détours et de se faufiler à travers les petits quartiers sympas.