Comment provoquer la rencontre ?
Le Mercredi 27 novembre 2024
À la retraite, il y a des milliers d’activités à faire et au moins autant de gens passionnants à rencontrer. Faire du soutien scolaire, animer un atelier de bricolage ou participer au comité des fêtes de son quartier… les opportunités ne manquent pas. Exemples et témoignages.
- À Chinon, en Indre-et-Loire, le jardin partagé de l’association des Jardiniers des Hucherolles favorise une mixité sociale et générationnelle et recrée une vraie vie de quartier. Il est aussi le théâtre d’autres animations comme des concerts, des trocs, des repas…
- À Marseille, ce sont des colocations d’un nouveau genre, qui ont vu le jour. Les maisons Cocoon’Ages® visent à rassembler dans une même résidence plusieurs générations qui, tout en conservant un « chez-soi », se partagent des espaces et un projet de vie communs. Le point fort du dispositif : une conciergerie de quartier et, surtout, une salle commune où les habitants peuvent partager un repas, se rencontrer.
- Autre exemple avec le réseau des Petites Cantines. Présent dans 13 villes de France (Bordeaux, Grenoble, Strasbourg…), son concept est simple : un restaurant participatif qui propose aux habitants d’un quartier un menu entièrement préparé par des bénévoles. Attirés par l’odeur alléchante, les convives reviennent pour l’accueil chaleureux et le partage.
38 % des personnes de plus de 60 ans
participent à des activités associatives
et 57 % déclarent que cela les aide à faire des rencontres régulières (31 %),
voire à créer de vrais liens d’amitié (26 %).
Source : « Baromètre solitude et isolement », rapport des Petits Frères des Pauvres, 2021.
Le lien ne s’apprend pas mais se travaille
Catherine Haas, 68 ans, coprésidente de l’association les Petites Cantines à Annecy
À la retraite, je tenais à m’engager pour favoriser le lien social et la mixité. Le projet des Petites Cantines a répondu à mes attentes. Ce restaurant participatif accueille 35 convives chaque midi, du mardi au vendredi.
Quand ils arrivent, leur seul point commun est d’habiter ou de travailler dans le même quartier. Quand ils repartent, ils ont tissé des relations de confiance entre eux, créé de la chaleur humaine.
Gilbert, 84 ans, est venu après le décès de sa femme pour apprendre à cuisiner. D’autres viennent pour briser la solitude ou simplement savourer un repas équilibré à prix libre.
Le mardi et le jeudi, nous organisons des soirées à thème (partie de belote, chorale, cuisine marocaine…). Il y a une vraie énergie ! Ça m’apporte énormément. Je me sens utile, je fais fonctionner mes méninges et si, parfois, je suis un peu bousculée dans mes certitudes, ça m’apprend et me fait voir les choses autrement.
Retrouvez les adresses des Petites Cantines en France sur
En photographie de Une, Catherine Haas est en compagnie de Martin, en service civique.
« L’être humain, un animal social »
Rébecca Shankland, professeure des universités en psychologie à l’Université Lyon 2 et cofondatrice de la Fédération française pour les liens sociaux.
Pour grandir, pour s’épanouir, l’être humain a besoin de relations avec les autres. Chez le jeune enfant, le contact avec sa mère représente une source d’apaisement. Ce besoin d’être en lien se vérifie tout au long de la vie. Ainsi, le simple fait de tenir la main d’une personne souffrante diminue l’activation des zones liées à la douleur au niveau du cerveau. Mais les bonnes relations ne protègent pas seulement le corps. Cultiver des relations de qualité améliore l’estime de soi, le bien-être durable et contribue à se sentir socialement utile. Notre capacité de résilience s’en trouve aussi renforcée ; on peut compter sur les autres en cas de difficultés.
À LIRE
- Les aventuriers du bonheur perdu – être heureux, ça s’apprend ? Rébecca Shankland, Jean-François Marmion. Les arènes, 2023.
- Ces liens qui nous font vivre – éloge de l’interdépendance Rébecca Shankland, Christophe André Odile Jacob, 2020.