En maison de retraite, des ateliers de lecture pour s’évader

Le Lundi 23 septembre 2024

Créée en 2020, l’association Lire et sourire s’est donnée comme mission de rompre l’isolement des personnes âgées par des moments d’échange autour de la lecture et des livres. Denyse Agache, ancienne conseillère pédagogique auprès des Écoles normales, nous parle à cœur ouvert de son engagement.

Bénévole à l’association Lire et sourire, Denyse Agache (en robe à fleurs) anime son groupe de lecture à l’Ehpad Thérèse Couderc, Lyon.

Comment est née votre envie d’animer des groupes de lecture en Ehpad ?

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été engagée dans des projets associatifs. En France d’abord, puis pendant notre expatriation en famille au Maroc. J’ai œuvré notamment au sein de la Société française de bienfaisance à Casablanca pour monter un foyer de personnes âgées.

Après mon retour, j’ai découvert l’association Lire et sourire lors d’une conférence. Son projet culturel, « l’accès à la lecture pour tous », m’a tout de suite parlé. Ils m’ont laissé une très grande liberté. Plutôt que de faire des lectures à voix haute, je leur ai proposé de créer des moments de partage autour des livres.

Concrètement, que proposez-vous ?

Tous les mois, j’anime un groupe de lecture au sein de l’Ehpad Thérèse Couderc, à Lyon, avec six résidentes. Cela me demande pas mal de préparation, car je dois connaître exactement les livres et les auteurs que je vais leur proposer de lire. Ensuite, on fait un tour de table. Chacune fait un résumé du livre qu’elle a lu précédemment et donne ses impressions. Ces échanges conviviaux sont une ouverture extraordinaire sur la littérature. Il arrive qu’une œuvre déplaise, mais la critique reste toujours constructive. On ne reste pas figé dans ses certitudes.

Ce qu’elles y trouvent va au-delà de la simple lecture ?

Bien sûr cet atelier propose une évasion, une fenêtre ouverte sur un quotidien parfois difficile. Les livres apaisent… Quand on se sent seul, ils nous tiennent compagnie et nous rappelle que tout est possible et qu’il ne faut jamais cesser de rêver. « Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire », écrivait Victor Hugo.

L’intérêt c’est aussi de susciter des échanges entre des individus différents. Quand on discute pendant plus de deux heures on crée des liens, on porte de l’intérêt à l’autre, on révèle sa sensibilité... Les mots délivrent en même temps qu’ils rapprochent.

Qu’est-ce que cela vous apporte ?

Pour moi, c’est aussi une aventure humaine très enrichissante. Au début, j’avais le sentiment d’en faire peu. Mais j’ai reçu des vœux de leur part qui m’ont fait plaisir et prouvent que le temps passé avec elles n’est pas une simple heure volée à l’ennui, mais un contact chaleureux qui nous fait du bien à toutes. Je ressors toujours avec le sourire !

Et puis ça m’oblige à me remuer les méninges, il faut trouver des livres, des sujets de discussions, mais également suivre l’actualité. J’amène quelque fois des articles de journaux sur des thèmes qui les intéressent. À la mort de Robert Badinter, nous sommes revenus sur l’abolition de la peine de mort à travers plusieurs ouvrages. C’est une façon de se replonger dans une époque et leur histoire.

Promouvoir le goût de la lecture dans les Ehpad, une nécessité ?

Je crois sincèrement que ces moments leur font du bien. On plaisante. Parfois, les discussions sont passionnées. Chaque avis compte ! Quand je les vois parler, je me dis que les solutions existent pour mettre du lien et de la vie au cœur d’établissements jugés souvent déshumanisants. L’association Lire et sourire envisage d’étendre progressivement ces animations aux 7 500 établissements français. Mais pour cela, il faut des moyens notamment humains.

POUR ALLER PLUS LOIN

Si vous souhaitez, vous aussi, partager votre intérêt pour les livres, contactez l’association Lire et sourire www.lireetsourire.org