Habitat : les logements qui réinventent les relations

Le Lundi 13 février 2023

Dans un espace urbain en perpétuelle évolution, les acteurs associatifs, les municipalités et les habitants cherchent des pistes pour donner une place à chacun. En pariant sur la solidarité, ils nous invitent à habiter autrement.

Illustration d'un habitat partagé

Parce qu’elle concentre des populations aux horizons variés, la ville est le reflet de notre société. La diversité des générations et des milieux sociaux qui l’habitent fait d’elle un espace hétérogène par excellence. Mais les cités du XXIe siècle doivent se réinventer pour répondre aux enjeux actuels : vieillissement de la population, préservation de l’environnement, sobriété énergétique, inclusion… À ce titre, de nombreux acteurs sur le terrain innovent pour que chacun s’approprie cet espace en mouvement.

    Chiffres clés

    85% des Français – dont 90% des plus de 75 ans – souhaitent vieillir à domicile*

    Plus de 60% des candidats à l'acquisition d'un habitat participatif sont retraités ou proches de la retraite*

    COLIVING

    On connaissait déjà la colocation, répandue chez les étudiants, et la célèbre colocation intergénérationnelle. Aujourd’hui, le concept se décline pour tous les profils, y compris pour les personnes moins attirées par la vie en communauté. Avant même l’essor du télétravail, des logements mixant colocation et services ont commencé à fleurir dans des villes comme New York, Berlin ou Tokyo. On parle alors de coliving — de « co », ensemble, et « living », vivre. Le concept a même gagné la France depuis 2017.

    Ces maisons ou immeubles se décomposent en espaces privatifs (chambre, salle de bains, petite cuisine) et partagés (salon, bibliothèque, salle de sport, jardins…). À cela s'ajoutent des services dignes de l’hôtellerie : assurance, ménage, Internet haut débit et parfois même panier-repas…

    Les bénéfices d’un tel système sont nombreux :

    • gagner de la place chez soi en mutualisant certains services encombrants — comme une buanderie, 
    • réaliser des économies d’énergie via le partage d’un même équipement,
    • mais aussi tisser du lien social, notamment pour les personnes âgées, confrontées au risque d’isolement. La convivialité d’une colocation, sans les désagréments !

    HABITAT PARTICIPATIF

    Partager avec ses voisins plus qu’un ascenseur… c’est aussi l’idée de l’habitat participatif. Des citoyens choisissent de s’unir pour coconstruire un projet collectif adapté à leurs besoins réels et à leurs centres d’intérêt. Ce sont eux qui fixent la forme de leur logement et les règles de vie communes : ici un potager, là une piscine ou un salon à cogérer pour pratiquer des jeux, un instrument de musique... Tout est réalisable !

    Les élus ne s’y trompent pas : cette nouvelle forme d’habitat est riche en opportunités pour développer une ville durable. D’abord, du point de vue de la construction, les habitants veillent à la qualité architecturale, à l’efficacité énergétique de leurs bâtiments. Ensuite, du côté du vivre-ensemble puisque, là encore, des espaces partagés favorisent les rencontres. Dans des zones urbaines où le prix du foncier a explosé, c’est aussi un moyen d’optimiser l’espace et de faire évoluer la perception sur l’habitat individuel qui génère l’exclusion des plus fragiles.

    HABITATS MODULABLES

    D’autres projets novateurs s’inscrivent dans cette tendance de fond qui prône une manière de se loger durable, plus pratique mais aussi plus économique. L’habitat modulable en fait partie.

    Le principe : au sein d’un logement, des cloisons amovibles pour agencer les différentes pièces selon les parcours de vie de chacun. Il est alors très facile d’ajouter une chambre pour recevoir sa famille ou d’agrandir un salon à sa guise. Un logement pensé avec un étage peut aussi se transformer en logement de plain-pied afin de l’adapter au grand âge. Des logements évolutifs, confortables et non stigmatisants, qui permettent de conserver un « chez-soi » à son image, plus personnalisé que les résidences autonomie (ex-logements-foyers) ou les maisons de retraite… L’habitat de demain est celui qui répond déjà aux problématiques d’aujourd’hui.

    L’HABITAT ACCOMPAGNÉ, PARTAGÉ ET INSÉRÉ (HAPI)

    En réponse à la perte d’autonomie, ce type d’habitat, encore méconnu, s’articule autour d’un projet de vie sociale et partagée :

    • Accompagné par des professionnels (de l’animation, de la coordination, de la régulation duvivre-ensemble…).
    • Réparti entre plusieurs habitants, chacun disposant d'un espace de vie, qui peuvent bénéficier d'espaces et de services communs.
    • Inséré dans la vie locale et facilement accessible, de manière à favoriser la participation citoyenne des habitants et prévenir du risque d’isolement.

    L’habitat API est une alternative intéressante à la vie dans un domicile ordinaire ou dans un établissement médico-social. Le groupe Caisse des Dépôts, la Fondation des Petits Frères des Pauvres et le Réseau de l’Habitat Partagé et Accompagné (HAPA) ont lancé en novembre 2021, l’association HAPI (habitat accompagné, partagé et inséré dans la vie locale) afin de fédérer l’ensemble des acteurs du secteur et d’accélérer le déploiement de projets d’habitat inclusif.

    Aller + loin 

    Sur Internet

    Les livres

    • Autonomie solidaire - Écovillages et habitats participatifs, Nathalie Boquien et Marie Thiriet, Éd. Rustica.
    • Les Clés de l'habitat participatif - Mes expériences du vivre-ensemble, Audrey Gicquel, Éd. Yves Michel.

     

    * Source : DREES (Direction de la recherche, des études et des statistiques), 2019.