La colère des volcans

Le Lundi 15 mai 2023

En se formant, la Terre a accumulé sous son écorce une énergie considérable qu'elle cherche par tous les moyens, depuis, à refroidir. Ce qu'elle fait en partie grâce aux volcans. Ces monstres de lave, aussi beaux qu’inquiétants…

Vue du cratère Dolomieu, l'un des deux cratères volcaniques situé au sommet du Piton de la Fournaise

Coulées de lave incandescente, explosions prodigieuses, nuées ardentes… à n’en pas douter, la Terre est une planète volcanique. En témoignent la soixantaine d’éruptions dénombrées chaque année. Certes, le volcanisme actuel n’a plus aucune commune mesure avec celui que la Terre a connu par le passé. Tels ces grands épanchements basaltiques, comme celui survenu en Sibérie il y a 250 millions d’années, qui a engendré un plateau grand comme cinq fois la France ! Pour autant, la Terre continue d’évacuer le trop-plein de chaleur qu’elle a emmagasiné dans ses entrailles au moment de sa formation. 

Deux grandes catégories de volcans

Mais quel que soit le type de volcans, la cause d’une éruption est toujours la même : une remontée en surface de magma profond – une fois à la surface, on parle de lave. Plus il se forme en profondeur, plus il est fluide. Ce type d’éruption, dite effusive, est par exemple observé au Piton de la Fournaise, à la Réunion, ou au Kilaeua, à Hawaï, l’un des volcans les plus actifs au monde – ici, très peu, voire pas du tout, de projections de matière. 

À l’inverse, si le magma est très visqueux, les éruptions sont explosives. On assiste alors à des projections de gaz et bombes volcaniques, voire à des explosions très violentes expulsant un nuage de cendres et de fragments rocheux parfois jusqu’à 40 kilomètres de hauteur ! Souvent, une partie de ce panache est trop dense pour s’élever dans l’atmosphère. Elle s’écroule et s’écoule en surface en une nuée ardente pouvant atteindre une vitesse de plusieurs centaines de kilomètres par heure. 
Une telle éruption s’est produite au Vésuve en 79, tuant les 3 000 habitants de Pompéi. Pire ! En Martinique, le 8 mai 1902, près de 30 000 personnes trouvent la mort sous le joug de la montagne Pelée. Après deux semaines d’éruption, une nuée ardente à près de 500 °C dévale les flancs du volcan. En une minute, Saint-Pierre est rayée de la carte. Un seul survivant parmi les décombres : un prisonnier enfermé dans son cachot aux murs très épais…

Tout feu tout glace

Plus récemment, au printemps 2010, le volcan Eyjafjöll, en Islande, entre en éruption après un sommeil de 187 ans. Le 14 avril, une explosion projette dans le ciel un panache de cendres de 140 millions de mètres cubes. Pendant plusieurs jours, l’aviation européenne est clouée au sol, car les particules mettent en péril les moteurs des avions.

Une éruption gigantesque ? Pas le moins du monde, comparée à l’éruption du Tambora, en Indonésie, survenue en 1815. L'explosion, l'une des plus puissantes jamais répertoriées, décapite le sommet du volcan, qui perd 1 500 m de hauteur, et crée une caldeira, c’est-à-dire un cratère de plus de 6 kilomètres de diamètre. Les conséquences de l’événement seront planétaires : la présence des particules dans l’atmosphère entraine un refroidissement de températures de 0,5 °C à plus de 1 °C l’année suivante. Cette éruption est probablement la cause des crises alimentaires en Europe en 1816 et 1817…